Un film de John Krasinski
Trois ans après le gros succès surprise du premier opus, voilà que débarque la suite de Sans un Bruit toujours réalisée par John Krasinski, qui est seul scénariste à bord cette fois. Le premier film avait pour lui un concept fort et rafraichissant qui le démarquait de la concurrence et contenait suffisamment de moments forts pour emporter l’adhésion. Un petit film d’horreur sans trop de prétention qui remplissait parfaitement son cahier des charges malgré quelques défauts excusables, comme une mise en scène sans faute de goût mais jamais vraiment excellente et des petites incohérences ici et là. La bonne nouvelle c’est que Krasinski a clairement bouffé du lion depuis 2018.
Le film démarre sur des chapeaux de roues avec une longue introduction qui nous montre l’arrivée des fameux monstres sur notre belle planète. Dix longues minutes pas si indispensables que ça scénaristiquement parlant (on pourrait les enlever que le film serait le même) mais qui montrent déjà que Krasinski a passé la seconde derrière la caméra. L’acteur/réalisateur va utiliser notre connaissance du premier film afin de jouer sur nos attentes par le biais du son (évidemment) mais aussi de l’image et du montage. On sait que quelque chose va se passer, mais on ne sait pas quand. Chaque mouvement de caméra est porteur de stress, chaque action qui est mise en valeur par la mise en scène fait peur, et l’explosion de violence qui suit fait tout de suite penser à une grosse influence déjà remarquée dans le premier : Spielberg. L’ombre du réalisateur plane tout du long sur ce deuxième opus, avec des passages entiers qui citent La Guerre des Mondes et Jurassic Park, Krasinski allant jusqu’à s'inspirer du style de Spielberg dans sa mise en images avec de longs plans séquences qui mettent en valeur les créatures et leurs interactions avec le décor. Rien de bien original donc, mais difficile de nier l’efficacité de la mise en scène sur ces 97 minutes. Couplé à un montage encore une fois impeccable, le réalisateur jongle également avec les points de vue et les silences afin de créer encore plus de tension, allant jusqu’à à deux reprises monter deux parcours en parallèle afin de donner encore plus de poids aux enjeux. Une sacrée mise à jour technique qui élève Sans un Bruit 2 au-dessus de son grand frère.
Reste que Sans un Bruit 2, aussi efficace et tendu soit-il, fait plus patchwork que le premier. Visuellement, le film rappelle donc Spielberg et tous les autres réalisateurs inspirés par le maître (principlament Cuaron et Shyamalan). Scénaristiquement parlant également, avec un récit qui coche toutes les cases de la suite post apocalyptique bigger and louder. Plus d’action : check. Plus de monstres : check. Plus de personnages : check. Plus d'environnements : check. Rencontre avec les autochtones devenus pas gentils du tout : check… On aurait aimé que Krasinski prenne plus de risques sur le papier, plutôt que de surfer sur des archétypes déjà bien établis qu’on connait donc par cœur. C’est d’autant plus dommage que certains personnages ou aspects intéressants du récit semble complètement survolés. D’un côté les 1h37 filent à une vitesse folle, d’un autre on a cette impression de pas assez, comme si Krasinski avait peur de trop en dévoiler. C’est à la fois la qualité et le défaut de cette suite ; en prenant le parti pris de filer droit au but sans trop développer son univers ou ses personnages (autant celui de Cillian Murphy est une belle addition au casting, autant celui d’Emily Blunt semble stagner) le metteur en scène joue la carte de l’efficacité et reste humble dans son approche mais passe à côté de ce qui aurait pu tirer le film encore plus vers le haut. Le classement PG-13 est aussi une petite déception (même si pas surprenant), car même si le film est suffisamment effrayant et violent, le manque de gore et de sang en général est parfois un peu décevant pour un film qui contient plusieurs massacres généraux.
L’annonce d’un troisième opus (réalisé et écrit par Jeff Nichols) n’est pas si surprenante que ça. La fin reste ouverte mais semble mettre un terme à l’histoire de la famille Abbott. On espère donc que l’arrivée d’un nouveau réalisateur (et nouveau scénariste) apportera un peu de nouveautés à une franchise qui semble un peu à bout de souffle malgré des qualités indéniables. Reste que Sans Un Bruit 2 est une suite tout à fait recommandable qui surnage sans mal au-dessus de la majorité de la production horrifique actuelle. Et ça c’est déjà beaucoup.