Captain Cinéma

Un film de Leigh Wannel

Réalisateur du sympathique Upgrade (et du moins bon Insidious 3), Leigh Wannel est de retour avec Invisible Man, déclinaison moderne du mythe de l’homme invisible. Le fameux Monster Universe d’Universal étant tombé à l’eau, c’est donc un projet plus personnel qui arrive dans les salles obscures, le film étant réalisé, coproduit et écrit par Leigh Wannel. Le résultat : un long métrage imparfait mais attachant.

le personnage principal face à la mer

La parenté avec Upgrade se fait sentir tout au long du film. Que cela soit d’un point de vue visuel (la direction artistique y fait plusieurs fois penser, avec ce goût pour les chercheurs qui habitent dans de magnifiques maisons hors de la ville) ou même scénaristique, Invisible Man renvoi régulièrement au précédent travail du réalisateur. Wannel va même jusqu’à reprendre (et étendre) ses expérimentations visuelles lors de plusieurs scènes avec ces mouvements de caméra qui suivent l’action au millimètre près pour un rendu inédit et de suite reconnaissable (dont une scène d’action en plan séquence intéressante). Scénaristiquement parlant les deux films se ressemblent également sur plusieurs points. Dans les deux films, le personnage principal est en quête de vérité, et finit par commettre l’irréparable à la fin : SPOILERS laisser l’intelligence artificielle prendre le dessus pour « vivre » avec sa défunte femme, ou ici tuer le mari pour se libérer de ce fardeau et devenir le fameux « homme » invisible. Dans le deuxième cas la catharsis est totale, et le personnage de Moss a le droit à un vrai happy ending malgré le dilemme moral. FIN DES SPOILERS.

l'héroine aux prises avec l'homme invisible

Ce portrait de femme battue et traumatisée est parfaitement incarné à l’écran par une Elisabeth Moss en grande forme, même si elle connaît déjà bien le sujet avec la série Handmaid's Tale. Mais c’est aussi la qualité de l’écriture qui fait qu’on croit à ce personnage. Le début du film est à ce titre exemplaire, Wannel réussissant à faire passer tout un tas d’émotions et de choses par les non-dits grâce à un script très efficace. Malheureusement, le réalisateur/scénariste retombe dans ses travers, et ne peut s’empêcher de multiplier les twists vers la fin (il n’est pas le scénariste de James Wan pour rien) quitte à ce que la cohérence de son récit en prenne un coup. Difficile de croire au plan du bad guy, alors que le premier retournement de situation se suffit presque à lui-même. Un défaut qui s’accompagne d’un rythme étrange ; parfois le film semble faire du surplace pour rien, et parfois tout semble aller presque trop vite.

un policier tenu en joue par l'homme invisible

Malgré ses défauts Invisible Man n’en reste pas moins un film attachant, qui peine parfois à décoller mais qui contient suffisamment de bonnes choses pour emporter l’adhésion. Et surtout, Invisible Man s’insère parfaitement dans la courte filmographie de Wannel, réalisateur qui petit à petit se forge une identité reconnaissable à l’écran. En ces temps de films d’horreurs interchangeables c’est déjà un joli effort qui mérite d’être récompensé.