Un film de Patrick Hughes
Succès surprise de 2017, le premier Hitman and Bodyguard avait pour lui un script solide qui avait pour qualité de constamment jouer au ping-pong moral entre ses deux personnages principaux. Non seulement Darius Kincaid et Michael Bryce étaient complémentaires, mais ils parvenaient aussi à rendre l’autre intéressant en offrant des dilemmes moraux par rapport à leur profession. C'était vraiment les personnages qui faisaient que le film fonctionnait. Un supplément d’âme qui avait surpris, et que la suite va vite bazarder sur l’autel de la gaudriole, même si pas complètement. En effet, Patrick Hughes et ses scénaristes ont décidé d’aller encore plus loin dans l’humour (on imagine sans mal que Ryan Reynolds a dû jouer un rôle important dans cette orientation), avec des gags qui ont zéro finesse et des dialogues encore plus orduriers, Salma Hayek oblige. Cela étant dit, Hitman & Bodyguard 2 recèle de moments vraiment hilarants, comme par exemple tout ce qui touche au père de Michael Bryce ou le twist final qui va très loin et fera date.
On pouvait craindre cette suite et son point de départ. En effet, la force du personnage de Salma Hayek dans le premier était qu’elle était un personnage secondaire qui apparaissait de façon sporadique dans le récit, ce qui donnait du poids à ce protagoniste et rendait ses scènes drôles. Avoir Salma Hayek qui jure comme un charretier et insulte tout le monde de temps en temps, c’est évidemment hilarant, mais en faire un personnage principal… Est-ce une bonne idée ? Patrick Hughes va vite contourner ce problème en amenant Darius Kincaid dans le récit assez rapidement, ce qui aura pour effet de répartir la dynamique de groupe de façon assez équitable sans qu’elle ne vampirise l’écran. La seconde bonne nouvelle c’est que le trio a suffisamment de nouveaux dilemmes personnels pour rendre la dramaturgie intéressante et créer par la même occasion des situations absurdes. On en dira pas autant des bad guys, au début prometteurs, mais Hughes et ses scénaristes n’en font pas grand-chose alors qu’il y avait clairement du potentiel. On pense par exemple au garde du corps incarné par Tom Hopper (admiré par Bryce) qui passé une introduction efficace deviendra un sous-fifre comme un autre. Banderas, lui, ne fait pas grand-chose mais le fait avec suffisamment de charisme pour remporter l’adhésion dans un rôle de méchant très James Bondien. On se gardera bien par contre de révéler un autre rôle important qui pour le coup est très drôle et inattendu dans son exécution.
Hitman & Bodyguard avait quelques morceaux de bravoure pas piqués des hannetons malgré un budget assez riquiqui. Pour cette suite, le studio a semble-t-il rallongé le budget mais sans grand succès. En effet, Patrick Hughes a beau multiplier les scènes d’action (il y en a presque deux fois plus que dans le premier), aucune n’arrivera à la cheville des poursuites à Amsterdam du premier malgré quelques jolies cascades motorisées. Non seulement elles sont assez courtes, mais elles deviennent vite dérivatives, que cela soit sur le papier ou même dans leur mise en scène. Une grosse déception, d’autant plus que Ryan Reynolds avait déjà eu le droit à une course-poursuite à Florence et une scène finale sur un bateau dans Six Underground l’année dernière. On se doute bien que Patrick Hughes n’a pas le tiers du budget du Michael Bay, mais le manque d’idées et la mise en image sont descendu d’un cran depuis 2017. Couplé au fait que Millenium sous-traite comme d’habitude l’aspect visuel, avec des effets spéciaux encore une fois très limites, et on se retrouve vite avec une suite qui semble paradoxalement plus cheap malgré le charme du decorum italien.
On passe donc quand même un bon moment devant Hitman and Bodyguard 2, mais on reste mine de rien sur sa faim sur pas mal de d’aspects bien moins maitrisés que dans le premier. On voit mal un troisième opus voir le voir vu la perte de vitesse de cette suite globalement pas désagréable mais moins inspirée et finalement bien décevante compte tenu des qualités du premier film. En l’état, le plan final est suffisamment drôle pour clôturer l’histoire de Michael Bryce, que Patrick Hughes en reste là.