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Defenders : mini-série

Netflix, en bon gros manitou du streaming vidéo, s’est emparé des licences Marvel et a pris la même direction que la firme de Mickey au cinéma en se lançant dans la création d’un univers étendu. De DAREDEVIL à IRON FIST en passant par JESSICA JONES, le spectateur est passé par plusieurs séries télé mettant en scène des super-héros aux caractéristiques multiples. Le problème c’est que, autant DAREDEVIL et JESSICA JONES (et son David Tennant on fire) avaient des qualités qui contrebalançaient tant bien que mal leurs gros défauts, autant LUKE CAGE et IRON FIST se sont révélés être de grosses déceptions, pas loin du fiasco. Ces séries ont tout naturellement convergé vers ce qui est le AVENGERS de Netflix, à savoir DEFENDERS. Voir tout ce beau monde réuni pour casser du méchant à New York, pourquoi pas après tout. La bonne nouvelle ? Il n’y a que huit épisodes. La mauvaise ? C’est toujours aussi nul.

l'équipe de super-héros dans un ascenseur

La première grosse erreur des instigateurs est de faire de Danny Rand le personnage principal qui est au centre de l’intrigue et devient carrément un McGuffin. Si Finn Jones a fait quelques efforts notables (soyons sympas), son personnage reste toujours un demeuré qui prend constamment les mauvaises décisions. Heureusement pour nous, il n’est pas seul cette fois. Sauf que pour que nos quatre héros se retrouvent et se mettent enfin à passer à l’action il faudra attendre trois longs épisodes interminables remplis de vide. Pour une série qui a cinq épisodes de moins que les autres, DEFENDERS met un temps fou à démarrer et s’avère peu passionnante. On peut y décerner toutefois quelques bonnes idées visuelles lors des débuts. Les différents passages entre les quatre acolytes sont parfois clairement discernables en termes de chartre visuelle. Les couleurs froides et l’aspect bleuté des scènes avec Jessica Jones sont par exemple en opposition avec celles concernant Luke Cage qui baignent dans une atmosphère plus chaleureuse. Ce parti pris original de rendre chaque ambiance unique va néanmoins vite prendre fin dès que les personnages se rencontrent et ne mène à pas grand-chose, surtout que Netflix semble encore une fois ne pas s’être donné les moyens de ses ambitions.

les defenders prêts à attaquer

On pensait que l’ampleur du projet obligerait Netflix à mettre les bouchées doubles en termes de budget. Que nenni ! Chaque épisode semble se dérouler dans deux pauvres décors répétés ad nauseam afin de ne pas excéder un budget qui semble évidemment bien trop étriqué compte tenu des ambitions de la série (ORANGE IS THE NEW BLACK ou HOUSE OF CARDS sont 10 à 20 millions de dollars plus chers pour ne citer qu’eux). En résulte un sentiment de gâchis, comme si tout se faisait à l’économie afin de cacher la misère de la production. Et ce ne sont pas les rares et très pauvres scènes d’action qui vont prouver le contraire. Répétitives à en mourir (toujours des mano a manos dans des environnements confinés), ces dernières font souvent peine à voir avec leurs chorégraphies sans idée et mal exécutées (il faut voir la mollesse la et maladresse de l’ensemble pour le croire) et des réalisateurs qui pensent que des plans-séquences (avec les mêmes coupures grossières) c’est super même quand on a rien à montrer et qu’on a pas d’idée visuelle fortes. Le reste du temps le tout est filmé en gros plans (parfois de travers) mal agencés entre eux avec des impacts souvent hors champ. Bref pour l’aspect super-héroïque il faudra (encore une fois) repasser, surtout que certains personnages comme Iron Fist passent encore plus pour des idiots finis. Le fameux « Immortal Iron Fist » se comporte une nouvelle fois comme un adolescent en pleine crise et se fait réprimander par la bande à chaque épisode (« l’Iron Fist est donc un abruti de première » lance un Scott Glen qui semble lire dans nos pensées).

les héros dans le métro les héros prennent la pose

Si quelques répliques font mouches, la plupart des interactions entre les personnages se résument vite à des engueulades de cours de récré qui tournent en rond et s’éternisent. D’un groupe de super-héros la troupe se transforme en club des boulets (Murdock qui garde des infos secrètes sans raison, pourquoi ?) qui de temps en temps se décide à faire quelque chose. En termes de spectacle c’est donc un échec complet, et rayon super-héros la série n’apporte rien de nouveau et semble répéter une formule qui est de toute évidence inintéressante. Quant aux quelques bonnes idées de casting (Sigourney Weaver, impeccable dans un très bon rôle) et scénaristiques elles sont constamment sabotées par des choix incompréhensibles qui tuent dans l’œuf toute ambition à la faveur de rebondissements grossiers, quand ce ne sont pas des incohérences hallucinantes. Alors que Luke Cage se fait salement botter les fesses par un des sbires de La Main et finit sous un camion, il réapparait comme une fleur au début de l’épisode suivant avec le même antagoniste (qui lui tenait tête) cette fois ligoté. L’art de l’ellipse, ici à son meilleur pour cacher la misère de l’ensemble et encore une fois faciliter la vie des scénaristes contre toute ambition. Finalement la seule bonne chose dans l’histoire, c’est que contrairement à LUKE CAGE et IRON FIST, le tout ne dure que huit (longs) épisodes. Ouf, on l’a échappé belle. Allez, on va se regarder MYSTERY MEN : c’est la même chose mais c’est drôle.