Captain Cinéma

C'est reparti comme en 95

"Je ne change mon style pour personne. Les pédales font ça." Michael Bay

S’il y a bien une chose qu’on ne peut reprocher à Michael Bay, c’est cette volonté de rester lui-même malgré les nombreuses critiques formulées à son égard. Le réalisateur de THE ROCK, ARMAGEDDON et des TRANSFORMERS fait en effet parti de cette poignée de metteurs en scène qui ont marqué les esprits par leur style, quand bien même ce dernier divisait la communauté cinéphile. Un visuel très reconnaissable, avec des effets de style qui constituent la « patte » Bay depuis le début de sa carrière dans les années 90. « Montage incompréhensible », « surdécoupage », « photo moche », « scénarios indigestes », les arguments à l’encontre des créations de Michael Bay sont nombreux, et pourtant le bougre s’entête à rester fidèle à une identité qui lui est propre. Cependant, certains films du réalisateur font presque figure d’exception tant ils paraissent sages à côté du reste de sa filmographie. Après le carton de ARMAGEDDON, Bay et le producteur Jerry Bruckheimer s’associent une nouvelle fois pour faire concurrence au TITANIC de James Cameron avec PEARL HARBOR. Un récit historique dont l’événement central est resté dans les mémoires, un acteur qui jouait déjà dans son carton précédent, un budget encore une fois faramineux, un triangle amoureux… Tous les éléments sont réunis pour faire de PEARL HARBOR un incroyable succès au box office, de ceux qui marqueront l’histoire du cinéma. Et pourtant, sans être un désastre financier, le résultat se révélera décevant et bien en dessous des attentes (on parle toutefois de 450 millions de dollars de recettes mondiale pour un budget de 140). Le film ne fait encore une fois pas l’unanimité chez les critiques et loupe le coche. C’est alors que Bay et Bruckheimer vont donner vie à ce qui est considéré par nombre de fans comme le meilleur film de Michael Bay : BAD BOYS 2. Huit ans après le premier opus, Bay fait revivre la franchise qui lança la carrière de Will Smith au cinéma. Sauf que cette fois-ci, il a beaucoup plus d’argent et compte bien se venger de son expérience sur PEARL HARBOR.

Martin Lawrence, Jerry Bruckheimer, Will Smith et Michael Bay

"Il (Bruce Willis) a tendance à essayer d’être le réalisateur et à changer les dialogues des acteurs. Je pense que Bruce n’a pas aimé le fait que j’ai une paire de couilles." Michael Bay

Replaçons tout dans son contexte : BAD BOYS est le premier essai de Bay au cinéma. BAD BOYS 2 est arrivé huit ans plus tard, soit une éternité pour une suite. Entre temps, ce ne sont pas moins de trois de ses films qui ont eu droit à une sortie cinéma : THE ROCK, ARMAGEDDON et PEARL HARBOR. Trois métrages dans lequel le réalisateur a su démontrer qu’il avait la folie des grandeurs et qu’il aimait faire tout péter. On pourra dire ce qu’on veut de PEARL HARBOR, mais la demi-heure d’action n’a rien à envier aux morceaux de bravoure d’un James Cameron (pour ne citer que lui). En 1995, Bay n’en est qu’à ses débuts. La mise en scène montre encore les stigmates de son passé de clippeur (voir la scène de la mort de Max, avec flash et gros plans typiquement hérités de ce style), la photo est un peu terne malgré le lieu idyllique, les scènes d’action sont rares et assez timides niveau destruction… BAD BOYS a vieilli, c’est un fait. Ou plutôt, c’est un film visuellement très marqué 90’s (tout comme sa musique, signée par l’excellent Mark Mancina). Cent millions de dollars plus tard, BAD BOYS 2 va clairement élever le niveau : le scope fait son apparition, la photo est beaucoup plus vive, les scènes d’action sont plus que nombreuses, bref on sent que les producteurs ont mis la main à la poche. Plus long, plus fort, plus bruyant, le film est l’idéal-type de la suite « bigger and louder ». Une durée indécente de deux heures vingt, une scène d’action maousse toutes les vingt minutes, un classement R (interdit au moins de dix-sept ans aux USA), des blagues de mauvais goût dans chaque dialogue… Tout le film marche sur ce concept de surenchère jusqu’à l’écœurement. Le juste milieu, Michael Bay ne connaît pas. Never enough. Et dans le cadre de BAD BOYS 2 le réalisateur le plus explosif d’Hollywood met le paquet.

Une voiture passe (et explose)

Will Smith et Martin Lawrence

Si BAD BOYS 2 a tant marqué les esprits c’est en grande partie grâce à ses morceaux de bravoure. Et côté action, le père Bay donne tout ce qu’il a sur ce film, multipliant les poursuites en voiture et les fusillades, les cascades insensées, le tout mis en scène de la façon la plus impressionnante possible. On le sait, Bay est un adepte du plan qui claque avec impact visuel immédiat. Il le dit lui-même : le montage ne l’intéresse pas. Ce qu’il aime c’est le plaisir procuré par une composition de cadre. BAD BOYS 2 est l’occasion pour lui d’expérimenter des images qui non seulement deviendront cultes, mais qui se répéteront par la suite, comme autant de plans-signatures. Alors que Mike et Marcus se rendent dans la maison du groupe qui les ont attaqués la scène d’avant, ils sont à nouveau pris pour cible par le gang des Haïtiens, qui leur tirent dessus à travers la porte reliant les deux pièces. Après un rapide échange de coups de feu, un dialogue s’installe entre les deux groupes. C’est alors que Bay sort de son chapeau LE plan qui a rendu la scène inoubliable : le fameux travelling circulaire qui balaye les deux pièces. En introduisant ce plan au début de la « conversation » entre les protagonistes, le réalisateur donne non seulement du rythme à ces échanges (le mouvement circulaire met en avant la tension qui s’élève), mais met également en place sa scénographie de façon brillante : on sait qui est où, alors que les personnages eux-mêmes l’ignorent (ils tirent tous constamment à l’aveuglette, ce qui donne un côté complètement absurde à la scène). Cette caméra qui se faufile à travers des espaces à priori impossible à traverser (à la manière du célèbre plan de la théière de PANIC ROOM) fera son retour à plusieurs reprises dans

le cinéma de Bay : on retrouve ce même travelling circulaire dans NO PAIN NO GAIN, et également une variante dans le dernier TRANSFORMERS lors du climax. Mais l’influence de BAD BOYS 2 ne s’arrête pas à cet unique procédé, et c’est toute une ribambelle de plans ou de séquences entières que l’on retrouvera à l’identique dans la filmographie de Monsieur Badaboum. Guère surprenant de voir ainsi une poursuite sur autoroute dans THE ISLAND se transformer en variante de celle de BAD BOYS 2, avec des essieux de trains en lieu et place des voitures.

"Vous savez quand vous êtes à une course de kart, il y a toujours ce gamin qui a les vraies roues sur son kart tandis que les autres ont des roues en plastique ? Ce gamin qui est toujours au-dessus des autres ? Ça c’est Michael." Will Smith

On l’aura bien compris : sous ses airs de film tape-à-l’œil (ce qu’il est clairement) BAD BOYS 2 prend des risques, tente des choses, et expérimente. Les ralentis servent tout autant à iconiser ses personnages qu’à les ridiculiser au sein d’une même scène. Tandis que Mike se jette sur le côté pour abattre un homme à deux doigts de tuer Marcus, Bay fige le temps, et transforme Will Smith en véritable héros tout droit sorti d’un film de John Woo. Pas de bol pour Marcus, qui lui se fera exploser le derrière en gros plan en slow motion avant de tirer la grimace face caméra. La demi-mesure, une notion dont le réalisateur se moque éperdument. Dans BAD BOYS 2, on balance des cadavres en pleine poursuite motorisée quitte à leur rouler dessus, on fait une fixette sur les énormes seins d’un autre cadavre à la morgue, on explose un bateau ( !) sur l’autoroute, on traverse un bidonville entier avec des Hummers (dans une scène hommage au POLICE STORY de Jackie Chan), les têtes et corps explosent de façon gorasse sans aucune pudeur…Le film apparaît alors comme un véritable défouloir pour Bay, qui sortait tout juste de son film « familial » et calibré pour les oscars. Ce n’est pas un hasard si la meilleure partie de PEARL HARBOR est celle de l’attaque, énorme morceau de bravoure sur pellicule de trente minutes dans lequel le cinéaste laissait exploser toute sa rage et sa maîtrise technique.

Will Smith et Martin Lawrence

"J’ai essayé de rendre ce deuxième opus un peu plus réaliste et rentre-dedans. Tout comme Sean Connery et Nicolas Cage qui étaient entourés de vrais Navy Seals pour The Rock, j’ai entouré Will et Martin par de vrais forces de l’ordre, et ça a fait une grosse différence." Michael Bay

Et (pour en revenir à BAD BOYS 2) cette envie d’en donner pour son argent apparaît dès la première demi-heure du récit. Le spectateur vient à peine de se remettre de la scène d’intro et son gunfight que dix grosses minutes plus tard Bay sort l’artillerie lourde avec la poursuite sur l’autoroute, soit neuf minutes d’échanges de tirs nourris et de tôle froissée qui encore aujourd’hui mettent à l’amende la plupart des séquences similaires issues des blockbusters. « Illisible », « sur-découpé », « affreux », les adjectifs utilisés pour décrire le style de Bay dans ces scènes par ses détracteurs sont nombreux, et le cinéaste a souvent été critiqué pour ses choix de mise en scène et de découpage. Pourtant, à y regarder de plus près, rien n’est véritablement « illisible » dans cette scène. Chaque plan correspond à une action, la partie fusillade a le droit à un beau mouvement de grue descendant qui pose son espace dès que Mike et Marcus arrivent, et la partie en voiture ne semble pas contenir plus de plans que celle de n’importe quel autre film sorti à la même époque ou même après. Car ce n’est une surprise pour personne : Bay aime les voitures. Le bonhomme, rodé aux publicités pour les bolides, fait toujours en sorte de mettre le véhicule en avant. Son montage a beau être nerveux, le tout demeure plus que regardable pour quiconque a dix sur dix aux deux yeux. Mais, comme on ne se refait pas, les gros plans tremblotant avec zooms sur les personnages au volant et autres enchaînements rapides de courts plans sur les véhicules fonçant à toute vitesse sont bien là, comme à la belle époque de THE ROCK. Ce sont ces plans qui apparemment dérangent le plus les détracteurs du film, et on peut les comprendre tant ils agressent la rétine du spectateur. Mais ça serait oublier ceux (nombreux) au ras du sol, avec la Ferrari qui se fraye un chemin parmi le trafic, ces caméras qui se prennent littéralement des voitures (ou un bateau donc) en pleine face, cette sensation de vitesse palpable… On ressort de la scène épuisé, lessivé, comme si on avait passé neuf minutes dans un grand huit tout en se prenant des gifles à intervalles réguliers. Et il reste une heure quarante de film.

Michael Bay sur le tournage d'une poursuite Michael Bay avc Will Smith et Martin Lawrence

S'en payer une tranche

Niveau humour, le film de Bay ne fait pas dans la subtilité : blagues racistes, concours de bites entre collègues, rats qui forniquent plein cadre, fesses explosées en gros plans, grimaces incessantes, acteurs en roue libre… La panoplie d’effets comiques est complètement absurde du début à la fin. Si le premier BAD BOYS comportait une grande part d’humour, le deuxième pousse le bouchon encore plus loin. Les blagues et situations se font beaucoup plus grasses, ça parle de cul ouvertement pendant plusieurs minutes, d’homosexualité à plusieurs reprises, et la nationalité de chacun est une excuse pour sortir une vanne facile et bien lourde. Paradoxalement, le tout semble plus naturel et juste dans l’interprétation générale, comme si les acteurs, conscients du jusqu’au-boutisme du projet, s’en donnaient à cœur joie. Il faut savoir que, sur le premier BAD BOYS, les acteurs avaient plus de marge pour improviser et que le deuxième film a été beaucoup plus cadré niveau dialogues et situations.

"On a beaucoup improvisé sur le premier film. On n’avait pas un script solide sur lequel s’appuyer, et le budget était si restreint que cela ne nous laissait pas beaucoup de temps pour les répétitions. Mais sur celui-ci nous avons passé beaucoup de temps à répéter et à apporter de nouvelles idées avant d’arriver sur le plateau."Michael Bay

Will Smith sort les armes

De cette discipline naît pourtant un métrage qui semble encore plus fou et imprévisible que le précédent. Aucun tabou dans BAD BOYS 2, aucune censure. Le cinéaste est connu pour sa propension à permettre à ses comédiens d’improviser, et à les laisser donner libre cours à leur imagination afin de faire ressortir leur côté obscur. En l’occurrence, Joe Pantoliano fait partie de ces acteurs qui n’ont jamais eu la chance d’avoir une scène sérieuse avec Bay. Et pour cause : chacune de ses apparitions est un trésor de portnawak, faisant de lui un véritable running gag sur pattes qui en voit de toutes les couleurs à cause de nos deux héros. Il en est de même pour le grand méchant de cet épisode, Johnny Tapia, joué par Jordi Mollà. Alors que le cinquième climax du film approche, le bad guy contemple une peinture du Christ faite à son effigie, et fait part de son mécontentement (il trouve l’ensemble « déprimant à en mourir »). La scène n’a pas fait avancer l’histoire, et ne sert qu’à amener un gag de plus dans une histoire qui en contient déjà des milliers. BAD BOYS 2 est également l’occasion pour Bay de faire rentrer dans l’inconscient collectif des expressions totalement incongrues. Qui ne se rappelle pas du fameux « wooossaaaa » répété ad nauseam ? Ou de la scène du pauvre Reggie venu chercher Mégane pour un rendez-vous galant ? En une scène, Bay joue sur la perspective de façon ironique et utilise son sens du cadre de façon simple mais diablement efficace. La plongée rend en effet Marcus et Mike plus petit que le jeune (grand) homme, mais ce sont eux qui dirigent la conversation. Quand Mike s’invite dans le dialogue le contre-champ en contre-plongée nous montre ainsi le visage du jeune homme terrifié, qui plus est au même niveau que les deux héros. Lors du tournage, Michael Bay avait dit à Smith et Lawrence de ne pas adresser la parole au jeune acteur, et de se comporter comme les pires salopards possibles afin de rendre sa peur et son stress plus palpable.

Il est important de souligner que la version française du film est de très grande qualité, car elle en rajoute constamment dans l’excès. Par exemple, en début de métrage le mot « chest » est traduit par « les deux gants de toilettes qui te servent de pectoraux ». On ne compte plus les tournures de phrases incontournables en décalage avec VO, telles que le « j’avais la raie tellement serrée que j’ai marqué le cuir ». L’absence de demi-mesure made in Bay se retrouve donc même dans la VF, et ce n’est pas pour nous déplaire.

ça se bouscule au portillon

"Je pense que, d’une certaine façon, ils savaient que cette suite n’était pas vraiment obligatoire. C’est un peu comme si tout le monde avait dit « ah oui tiens c’est vrai il y a eu un Bad Boys ». Mais je pense que pour aller à l’encontre de ça, ils ont fait le film le plus effronté et excessif possible. Et du coup il existe désormais de manière complètement indépendante du premier. C’est genre « Bad Boys 2. Oubliez Bad Boys 1 ». Ça le rend presque obsolète." Simon Pegg

C’est ainsi qu’à vouloir en faire le plus possible, BAD BOYS 2 éclipse son prédécesseur. D’un point de vue narratif, le film n’a pas besoin du premier pour exister. Il en reprend certaines scènes et dialogues (le dégoût de Marcus envers les cadavres par exemple) en poussant le bouchon encore plus loin. On croirait presque que le film essaye d’effacer le premier de l’inconscient collectif. Et pourtant les scénaristes (au nombre de trois, quand même) montrent dès le début que la relation entre Marcus et Mike a évolué. Les années ont passées, et le comportement du second finit par exaspérer le premier. Toute la partie concernant la possible mutation de Marcus est évidemment téléphonée, mais elle permet d’ajouter un peu de cœur à un scénario qui part dans tous les sens. La DEA, le FBI, les gangs des Haïtiens, les Russes, le bad guy, la sœur qui se retrouve au milieu etc… BAD BOYS 2 multiplie les personnages et les sous-intrigues, amplifiant ce sentiment de bordel absolu. Tout n’est que chaos et destruction, et le spectateur doit assimiler une tonne d’infos entre deux explosions sans avoir le temps de se reposer. Pour autant la trame reste évidemment très simple malgré son traitement à priori alambiqué. L’impression qui en ressort est que Bad Boys 2 est une somme de scénettes qui semblent parfois tellement déconnectées entre elles que ça en devient hilarant. A titre d’exemple, la scène de Reggie intervient alors que les deux compères viennent tout juste de se disputer ; juste après, Marcus et Mike redeviennent les meilleurs amis du monde (« c’était vraiment cool » lance Marcus). Au-delà de la pirouette scénaristique évidente, ce changement de comportement prouve une chose : que nos héros sont avant tout conditionnés par l’humour made in Bay, se définissent et évoluent à travers celui-ci, quitte à ce que le scénario n’ait plus aucun sens.

Michael Bay et Jerry Bruckheimer sur le plateau

"BAD BOYS 1 avait un très mauvais scénario, soyons honnêtes. En gros tout ce que nous avions pour BAD BOYS 1 c’était deux super acteurs et il y avait une très bonne alchimie entre eux." Michael Bay

Will Smith et Martin Lawrence

Pour autant les femmes ne sont pas oubliées. Et BAD BOYS 2 donne une image de la femme moins simpliste qu’on pourrait le croire. Chez Bay la femme est souvent un objet de désir, mais elle sait également parfois se montrer plus forte que les hommes. Le personnage féminin campé par Gabrielle Union fait partie des plus intéressants de la filmographie du cinéaste. Son côté sexy n’est jamais mis en avant gratuitement (la seule fois où elle se retrouve en maillot de bain c’est pour instaurer une relation de confiance avec Johnny Tapia), et c’est surtout sa qualité de femme forte qui ressort. Lors de la découverte de sa véritable identité, elle est introduite par un travelling avant en contre-plongée la mettant clairement en position de force. Bay l’iconise et la rend plus imposante que les hommes qui lui font face ; ces derniers n’ont pas droit à une telle valeur de plan et sont dépeints comme des idiots qui ont le feu aux fesses (Peter Stormare, qui joue pour la seconde fois le Russe de service pour Michael). On est donc loin de l’introduction de Rosie Huntington dans TRANSFORMERS 3. De plus, si Union endosse le rôle de la femme en détresse à sauver à la fin, c’est à cause de Mike et Marcus, qui ont grillé sa couverture. Bien évidemment BAD BOYS 2 est parsemé de plans sur des figurantes en petite tenue, mais le traitement sérieux du début à la fin du personnage de Syd fait presque figure d’exception dans la filmographie du bonhomme.

"Vous savez quand les gens vous racontent la première fois qu’ils se sont drogués ? Mon premier film avec Michael Bay c’était exactement ça. C’était comme chasser le dragon, et je n’ai jamais cessé de courir après cette expérience depuis ce moment-là." Gabrielle Union

cascade en pleine poursuite en voiture

Les pieds dans le plat

"J’ai parlé à beaucoup de gens et je suis content que nous ayons opté pour une violence à la 48 HEURES de Walter Hill. J’en ai marre de ce PG-13 pour bisounours. J’en ai ma claque. Je revenais de PEARL HARBOR pour lequel j’étais obligé de me plier à cette interdiction, et le rapport de la FDC (la commission de sélection des films) m’a rendu furieux. J’ai été au Comité contre la violence au cinéma, et il y a eu toute une histoire avec Gore et Lieberman, les têtes pensantes, qui me disaient en gros que si je ne coupais pas telle scène, eux le feraient. Comment le prendriez-vous ? Je ne l’ai pas très bien pris. Une partie de ma réponse est dans BAD BOYS 2." Michael Bay

En effet, BAD BOYS 2 fait figure de pionnier en matière de blockbuster classé R, soit interdit au moins de dix-sept ans aux Etats-Unis. Une chose aujourd’hui impensable ou tout du moins très compliquée vu la propension des studios à prendre le moins de risques possible et à vouloir ramener le plus de spectateurs de tous âges en salle. Rien de moins logique : pour un film à cent trente millions de dollars de budget, se priver d’une partie du public est difficile à envisager. BAD BOYS 2 est bourré de « fuck » et autres « motherfucker », de gerbes de sang qui éclaboussent généreusement le décor, de corps qui explosent dans la joie et la bonne humeur. Le premier contenait déjà du langage ordurier et une certaine violence graphique, mais on est un bon cran au-dessus avec la suite. Alors que PEARL HARBOR était PG-13 (interdit au moins de treize ans aux USA), Michael Bay se venge littéralement d’avoir été bridé niveau violence, et parsème son film d’éléments potentiellement transgressifs. Putassier, insolent, le métrage l’est assurément, et n’hésite jamais à franchir la ligne du politiquement incorrect. Une position extrême qui met BAD BOYS 2 dans une situation assez exceptionnelle : en poussant les limites du « rien à foutre », le réalisateur fait un gros doigt d’honneur à tous ceux qui s’attendaient à un film d’action lambda. Si l’on devait comparer la plupart des films actuels à plus de cent millions de dollars à BAD BOYS 2, ce dernier les ferait tous passer pour des enfants de chœur.

Michael Bay réfléchissant à la composition d'un plan

"J’adore tout simplement la texture de la ville (Miami). Sa lumière a une forme d’élégance, ses ciels sont magnifiques... Il y a quelque chose de vibrant dans cette ville." Michael Bay

Bien sûr cette abondance d’ultra-violence, de nudité absurde et de langage ordurier peut lasser, surtout étalée sur deux heures vingt de visionnage. C’est à la fois le meilleur et le pire du film, la raison pour laquelle ses fans l’adorent et ses détracteurs l’exècrent au plus haut point. Choisis ton camp camarade. À sa sortie durant l’été 2003, le film rapporte 238 millions de dollars, ce qui fait de BAD BOYS 2 un succès encore moins important que PEARL HARBOR. Pourtant, bien des fans lui vouent un véritable culte, et encore aujourd’hui beaucoup le considèrent comme le meilleur film de Michael Bay. Par-delà de cet état de fait, c’est surtout ce qu’a apporté BAD BOYS 2 à Michael Bay qui est intéressant. Le culte de la ville de Miami (qu’on retrouvera dans NO PAIN NO GAIN évidemment), cette photographie si particulière (quelques années plus tard, TRANSFORMERS 2 s’en rapprochera beaucoup visuellement parlant), l’humour qui franchit un cap (là encore, TRANSFORMERS 2 ira dans la même direction), les scènes d’action qui se répéteront dans la suite de sa filmographie (THE ISLAND)… C’est tout un pan de l’œuvre de Michael Bay qui reste marqué par BAD BOYS 2. Un film-somme en quelque sorte, qui condense tout ce qui fait son style en plus de deux heures. Désormais la franchise est apparemment entre les mains d'Adil El Arbi et Bilall Fallah, dont c'est le premier film à gros budget, un choix qui laisse évidemment dubitatif . Car BAD BOYS sans Michael Bay, c’est un peu comme MAD MAX sans George Miller : on ne voit pas trop l’intérêt. L’arrivée de 13 HOURS laisse cependant planer le doute. Ce dernier film représente en effet une véritable rupture dans la carrière du réalisateur, que cela soit d’un point de vue visuel (le film est beaucoup moins tape-à-l’œil que ce que l’on a l’habitude voir chez le réalisateur) ou du ton (beaucoup plus sérieux). 13 HOURS marque peut-être le début d’une nouvelle ère pour Bay. Et s’il n’avait plus le cœur à faire un BAD BOYS 3 ? Et si l’inventeur du « BAYHEM » était passé à autre chose ? L’avenir nous le dira. En attendant, il nous reste toujours BAD BOYS 2.

Whooosaaaaaah !