Un film de Gina Prince-Bythewood

Netflix continue d’enrichir son catalogue après le confinement avec sa nouvelle production d’action dont la plateforme a le secret : une tête d’affiche connue qui assure tout de suite un petit succès, un concept fort censé permettre au film de se démarquer de la masse et une chartre visuelle numérique permettant d'identifier immédiatement l’origine de la production (Netflix coproduit avec Skydance), le tout avec une bande-originale moderne pour attirer le jeune chaland. The Old Guard avait du potentiel, c’est certain, mais l’entreprise prend très vite l’eau de partout dès qu’on aperçoit les limites du film de Gina Prince-Bythewood.

Sur le papier, cette histoire d’immortels pas très originale (Wolverine est déjà passé par là) était pourtant prometteuse et laissait penser que ce background surnaturel allait pouvoir emmener le long métrage vers des sentiers inconnus et excitants. Malheureusement, rien n’est vraiment exploité correctement et il faudra se contenter des deux trois très courts flashbacks pour avoir un semblant d’exotisme pour ce qui est au final un vulgaire film d’action clairement dans l’air du temps. S’il fallait comparer The Old Guard à une autre production Netflix récente on penserait directement à Six Underground avec cette histoire de mercenaires qui voyagent aux quatre coins de monde pour réaliser des missions à haut risque, la jeune recrue faisant office de référent pour le spectateur. Sauf que contrairement au film de Bay, The Old Guard met bien une heure à démarrer (la newbie de l’équipe les rejoint au bout de 45 minutes, c’est dire si ça se traîne) ne propose aucun enjeu intéressant à part une vague histoire de chasse à l’homme qui se termine par « il faut sauver untel dans un immeuble », ne contient aucune scène d’action potable (le film est extrêmement pauvre et radin de ce côté-là), et semble constamment avoir peur de choquer quand il faut utiliser le potentiel gore de son concept (à part les éternels headshots en CGI à la John Wick, tout est très sage).

Difficile donc de trouver un quelconque fun dans ces deux longues heures cousues de fil blanc. Heureusement que Charlize Theron, toujours aussi charismatique et à l’aise dans les rares scènes d’action, porte le film sur ses épaules et apporte un peu d’humanité dans ce pot-pourri de références mal digérées. On sauvera quelques scènes dans lesquelles l’esprit de camaraderie fonctionne bien grâce à une galerie de personnages bien campés, mais c’est bien peu au regard du faible niveau d'ambition d’une production constamment tirée vers le bas par un mauvais goût évident et des choix très discutables. À ce titre, attendez-vous à grincer des dents à chaque scène d’action, l’insupportable bande-originale qu’on croirait sortie de l’Eurovision étant à chaque fois de la partie pour nous faire saigner des oreilles et annihiler toute tentative de sérieux de l’entreprise.

Pas assez nanar pour être drôle, trop radin pour être fun, constamment à côté de la plaque, The Old Guard se plante partout, tout le temps. Et ce n’est pas la dernière scène, preuve évidente de l’incapacité des producteurs/scénaristes à développer correctement une histoire sans se reposer sur un concept de franchise à rallonge qui va nous contredire. Même le prochain Fast and Furious fait presque plus envie, c’est dire si on en a déjà marre de cette saga mort-née artistiquement parlant.