Captain Cinéma

Un film de Justin Lin

On a presque envie d'y croire au début, avec ces flashbacks qui nous montrent une partie un tournant dans la vie de Dominic Toretto. Ce n’est pas incroyable, mais pour une fois depuis depuis des années on a l'impression que les scénaristes (première fois que la saga change de scénariste en pratiquement 15 ans) veulent raconter une histoire et sortir du carcan habituel avec des personnages fonctions qui n'évoluent pas. Mais très vite le récit va sombrer dans les pires travers de la franchise, avec 3949302 personnages, une histoire qui avance au ralenti pour des choses très simples en nous faisant constamment avaler des couleuvres.

On a l'habitude maintenant avec Fast and Furious d'avoir des scènes d'action à la Bollywood qui défient toutes logique, et pourquoi pas au final. Les scénaristes en rient même à plusieurs reprises avec le personnage de Tyrese, qui évite la mort constamment et déclare qu'ils sont tous des êtres "pas normaux". Le problème c'est que tout ça ne suffit pas, surtout quand la logique se fait la malle dans le récit. Rien n'a de sens, les personnages font des choses qu'on a du mal à justifier, et si on peut en rigoler, on a quand même l'impression qu'au final on se fout de nous. On a pas mal parlé d'un futur épisode dans lequel ils iraient dans l'espace. Pas la peine d'attendre : ils le font ici, et la scène est tellement absurde qu'on a du mal à croire que l'équipe derrière ça ait pu se dire que ça passerait. Le problème n'est pas que ça soit absurde, c'est que le film fait constamment le grand écart entre un ton très premier degré qui tombe constamment dans le ridicule et la grosse gaudriole à intervale régulier dès que les situations tombent dans l'excès de CGI et de physiques improbables. L'impression de voir deux films qui combattent constamment donc, sans jamais vraiment cohabiter.

Mais c'est vraiment le rythme pachydermique (gros coup de mou passé la première scène d'action) qui tue le film. On pourrait enlever la motié des personnages sans faire de mal à l'histoire. Ellen Miren ? Une longue scène qui ne sert à rien. Le retour de Han ? Une sombre blague pour justifier l'arrivé d'un autre personnage. Ce nouveau personnage ? Un prétexte inutile pour "activer" un mcguffin. Mia ? Elle ne fait rien de concret pendant 2h30. Le « retour » du cast de Tokyo Drift ? Pourquoi, et surtout pourquoi une si longue introduction ? Quand à Charlize Theron elle est venu toucher son chèque pour ses trois scènes et demi tournées dans une boite en une heure. John Cena est en revanche impeccable, dans un rôle très premier degré qu’il maîtrise totalement. Mais à trop vouloir faire « épique » et surfer sur la vague Marvel avec du teasing et du caméo à rallonge, la franchise n’apprend pas de ses erreurs. Au contraire, tout devient trop gros, trop débile, et paradoxalement trop sérieux pour ce que c’est.

Un joli foutage de gueule constant donc, qui heureusement pour nous sait toujours délivrer la marchandise quand il s'agit de faire rugir les moteurs et casser du bolide. Justin Lin, en habitué de la saga, fait un travail solide (beaucoup de combats rapprochés cette fois, efficaces même si parfois cadrés d'un peu trop près) avec des cascades en grande partie réelles qui décrochent gentiment la machoire et des morceaux de bravoure parfois hallucinants. Mais tout ça ne suffit plus maintenant. Il faut réussir à raconter une histoire sans prendre le spectateut pour un abruti, sans se dire "on peut faire ce qu'on veut de toute façon, c'est acquis". L'épisode de trop, clairement. Et dire qu'il y en a deux de plus en approche.