Captain Cinéma

Un film de de Todor Chapkanov

Peu nombreuses sont les sagas DTV à avoir survécu au monde impitoyable des producteurs sans tomber dans le piège des suites au rabais opportunistes (coucou THE MARINE). UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE fait pourtant partie de ces franchises vidéo qui ont réussi à survivre grâce au soutien de leur réalisateur/producteur Isaac Florentine, de sa star Scott Adkins mais également celui des fans qui ont toujours répondu présent depuis 2006 et qui ont largement participé à la reconnaissance de la franchise. Pour Isaac Florentine pas question d’accoucher de suites cheap qui ne feraient que surfer sur une mode pour ramener quelques billets supplémentaires. La ténacité de la communauté des fans ainsi que celle des instigateurs du projet ont ainsi permis la mise en chantier de ce quatrième volet. Cependant, si David White assure la continuité scénaristique, Florentine (toujours producteur) laisse sa casquette de réalisateur à Todor Chapkanov, total inconnu au bataillon. On pouvait donc craindre que ce changement de metteur en scène amorcerait le déclin de la franchise. Et pourtant BOYKA fait honneur à ses prédécesseurs. Chronique d’une mandale en pleine poire.

Le méchant principal à contre jour

N’importe quel fan vous le dira : on regarde UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE pour la castagne. Todor Chapkanov en est bien conscient et, soutenu par le chorégraphe Tim Man (déjà responsable des combats de NINJA 2 et ELIMINATORS avec Adkins), le réalisateur met en scène des affrontements encore une fois incroyables. Alors que le départ de Florentine à la réalisation laissait augurait du pire, BOYKA contient au final les meilleurs combats de la série, rien que ça. On imagine que Chapkanov a dû suivre un cahier des charges précis, à tel point que les gimmicks de mise en scène de Florentine (les ralentis, les fameux zooms moches) font encore leur apparition. Qu’on se rassure, l’utilisation de ces artifices n’est pas un énorme problème (ils sont un peu plus discrets que dans le troisième opus) et le reste du film fait honneur aux précédents métrages. Plus terre-à-terre, la réalisation de Chapkanov est moins découpée que celle de Florentine et se base sur un travail de caméra portée complètement maîtrisé qui permet d’apprécier pleinement la chorégraphie des combats. Ce qui fait la différence, c’est aussi l’apport du chorégraphe Tim Man dont l’influence est évidente : la vitesse d’exécution des enchaînements force le respect et les coups de pieds d’une autre planète pleuvent, le tout avec une fluidité jamais mise à défaut et un sound design impeccable (les coups font mal, très mal). On reste bouche bée à chaque mano a mano, surtout que ces derniers sont encore une fois très nombreux et que Adkins pète des tronches sur le ring ET en dehors du ring, à mains nues ou avec une batte de baseball. A l’heure actuelle on ne voit pas qui pourrait rivaliser avec UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE : BOYKA sur ce plan.

Boyka faisant face à son advrsaire

En dehors des combats cette suite prolonge la quête de rédemption entreprise par Boyka dans le dernier opus. Pour autant ce bon vieux Yuri reste le bad motherfucker qui n’hésite pas à envoyer chier la moitié du casting ou à l’endormir d’une droite ou d’un coup de pied bien placé. Si l’on peut trouver dommage que Boyka se soit considérablement adouci depuis son apparition en 2006, ce serait oublier que Yuri n’a jamais été un personnage caricatural. Dès UNDISPUTED : DERNIER ROUND Boyka était présenté comme un antagoniste plus profond que le bas guy moyen. Car avant d’être un adversaire qui aime foutre une raclée à tout le monde Yuri Boyka est avant tout un homme qui croit dans les règles de son art, quitte à tuer lorsqu’on ne fait pas preuve d’honneur (voir comment il brise la nuque d’un de ses sbires parce que celui-ci avait donné de l’eau empoisonnée à Chambers). UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE : BOYKA prolonge donc cet aspect du personnage avec un Boyka toujours religieux (littéralement le premier élément qui le caractérisait en 2006) qui se bat pour l’amour du sport. Quand il tue par mégarde un de ses adversaires en début de métrage, Boyka entreprend un voyage pour aller se racheter auprès de la femme du défunt. Le but ? Participer à un tournoi afin de gagner la liberté de cette dernière qui travaille pour un mafieux local. On ne va pas se mentir : l’histoire ne vole pas bien haut, mais White et Chapkanov le savent et réduisent cette dernière à son strict minimum tout en restant fidèle au personnage. Les 1h20 du métrage filent à une vitesse pas possible, les combats s’enchaînant à un rythme très soutenu et Boyka distribuant des patates ici et là entre deux lignes de dialogues. Et si Chapkanov n’échappe pas à quelques lourdeurs (l’apparition évangélique à la fin, vraiment ?) il contourne habilement des clichés qui auraient entaché l‘histoire (non, pas d‘histoire d’amour hors sujet ici).

Boyka

D’une suite qu’on appréhendait quelque peu, UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE : BOYKA devient donc le digne descendant de ses prédécesseurs et une nouvelle claque dans la tronche en termes de combat. La mise en chantier d’une suite dépendra du succès de ce dernier opus, aussi ne peut-on qu’essayer de soutenir ce cinéma en voie de disparition en vous conseillant de jeter un coup d’œil sur cette série B qui met à l’amende toute la concurrence dans son genre en vidéo ou au cinéma. Et quand bien même ce quatrième film conclut l’histoire avec une belle justesse et n’appelle pas forcément de suite, on ne va pas se mentir : qui ne souhaite pas le retour de Yuri Boyka ?